starts with a spark, then it's a wildfire. (dick&babs)

Je suis adossé sur le mur à côté de la machine à café, tenant ma tasse contre moi, la tête en arrière, les yeux fermés. Je crois que je pourrais dormir debout. Je soupire et finis ma tasse, puis me ressers. Ce café n’est même pas vraiment bon, mais il me permet de tenir. J’essaie de ne pas me frotter les yeux parce que j’ai camouflé mes poches de kangourou sous mes yeux. Depuis que ma nouvelle coéquipière a découvert Barbara presqu’à poil chez moi, elle a compris que je n’étais pas disponible et ne fait comme si rien ne s’était passé, se concentrant sur le travail.
Je pousse un long soupir et retourne vers mon bureau. Lola se redresse et récupère le dossier qu’on a sur le mec qu’on vient de coffrer. Multiples vols avec effraction, coups et blessures sur ses victimes. Une enquête conjointe entre le GCPD et nous, puisqu’il aimait bien se promener…  Je passe une main dans mes cheveux. « Bon, avant que l’avocat n’arrive, on peut essayer de lui faire dire deux trois trucs, l’air de rien. » Je me dirige vers la salle d’interrogatoire et elle m’emboîte le pas. J’entre brusquement dans la salle et pose mon café sur la table. Ma collègue referme la porte et lâche le dossier sur la table. On a pas vraiment le droit de l’interroger dès qu’il a demandé un de ces fichus avocats, et on doit attendre. « C’est dommage que tu ne veuilles pas tout avouer pendant que tu peux.  Ce serait vachement plus simple pour tout le monde, et t’aurais même une reprise de peine. Après tout, on a déjà pleins de preuves contre toi… T’as été pas mal négligent… » Il continue de fixer la table, la mâchoire serrée, sans rien dire. Je ne l’interrogeais pas, je monologuais. Ma coéquipière s’installe sur la chaise à côté de moi et semble feuilleter le dossier en me montrant deux trois trucs en riant. « Ah ouais quand même, cette preuve-là… » J’esquisse un sourire alors qu’il relève enfin des yeux furieux vers moi.

Malheureusement, j’entends qu’on toque derrière la vitre teintée, probablement signe que l’avocat est enfin là. Je bois une gorgée de café et j’ai à peine le temps de me redresser que la porte s’ouvre. J’avale mon café de travers, le recrache à moitié sur la table et tousse pendant quelques instants. Lola me regarde d’un air inquiet et éloigne les papiers de moi d’une main, caressant mon dos de l’autre. Elle semble tout aussi surprise que moi, mais elle s’est plus légitime. « ça va… » Je la repousse doucement et relève les yeux vers « l’avocate ». Qu’est-ce que Babs fout là bon sang. Elle n’a pas du tout l’air d’être là pour plaisanter. Sa professeure aurait pas pu lui attribuer autre chose ?! Je lui réponds d’un ton sec alors qu’elle s’installe. « Nous ne lui avons posé aucune question depuis qu’ils a demandé quelqu’un. »
Je l’observe un instant, soutenant son regard sérieux, puis baisse les yeux sur mon café et me relève. Ça va pas le faire. Je prends la parole en m’adressant à ma collègue. « Je vais chercher Roberts pour qu’il prenne ma place. » Je ne regarde pas plus et sors de la pièce pour aller chercher le susnommé, qui se trouvait derrière la vitre teintée. « Me demande pas, mais je peux pas. Interroge-le à ma place s’il te plait. » Il fronce les sourcils mais y va. Je soupire et pose ma tasse pour mettre ma tête dans mes mains alors que leur conversation commence. Pourquoi fallait que ça arrive ? Elle semble très clairement avoir envie de jouter verbalement contre moi, et ça n’est pas forcément mon point fort. Mais pour le coup, ça m’a jamais autant agacé qu’elle fasse ses putains d’études. Elle allait protéger les mêmes qu’elle combattait en tant que Batgirl, c’était n’importe quoi.

J’y crois pas. Je tourne en rond en observant l’interrogatoire se dérouler, et en m’énervant tout seul. On repartait enfin sur des bonnes bases, et elle me fait ce coup-là. Dès qu’ils demandent à rester tous les deux pour qu’ils puissent discuter, je sors pour retrouver mes collègues et discuter un peu de l’avancement. Ils peuvent voir que je suis terriblement agacé, et Lola sait pourquoi… Elle demande si je veux en discuter rapidement et on va dans un coin plus tranquille. Je lui explique ce que ma copine fait là, et elle caresse mon épaule en me disant que ça ne sert à rien de s’énerver. Que je devrais me charger d’un autre dossier pendant qu’elle les surveille. Je soupire et hoche faiblement la tête alors qu’elle repart après m’avoir tapoté le bras.
La fin de journée, je la passe renfrognée à mon bureau, jetant par moment des coups d’œil vers l’endroit où se trouvent les salles d’interrogatoire. Mais Babs ne vient même pas me voir, elle passe tout l’après-midi avec son cher client qui a agressé des gens. Pour une fois, je pars tôt. Je n’ai pas vraiment envie de la croiser. Je vais me défouler à la salle de gym, et puis je rentre manger un truc. Taper dans un sac m’a fait du bien, mais je crois que je vais aller taper sur des criminels, puisqu’en tant que flic on m’empêche de faire mon travail. Je reste en boxer au milieu de l’appart, préparant mon matériel pour ce soir. Je n’ai pas répondu aux messages qu’elle m’a envoyée. Pas envie.

J’entends qu’on essaie d’entrer chez moi en enfonçant la serrure, et puis la porte s’ouvre sur ma copine. A cet instant je regrette de lui avoir enfin donné un double il y a quelques jours. Je me retourne vers mon matériel le visage fermé. Je la laisse parler en continuant de m’assurer que tout est bon, testant notamment mes bâtons. J’enlève mon bras lorsqu’elle tente de poser sa main dessus, et commençant à enfiler mon pantalon de combat. Je prends un petit ton sarcastique pour enfin lui répondre, ne la regardant toujours pas. « Mais je ne fais que t’aider à faire ton travail... Elle dirait quoi ta chère professeur préférée si elle savait qu’un des flics en charge de l’enquête est ton copain ? » Je la fixe finalement. « Pas sûre qu’elle serait très heureuse. Ou peut-être qu’elle sait déjà tout et qu’elle veut foutre la merde. » J’enfile un tank top et je commence à mettre ma combinaison par-dessus. « C’est pas comme si c’est un mec que tu pourrais totalement arrêter en tant que Batgirl… T’as lu le dossier comme ça, tu sais très bien qu’il a fait tout ça. » Je bois le fond d’une bouteille d’eau en me détournant à nouveau d’elle. « Si tu veux jouer à ce jeu-là vas-y, mais tu joueras toute seule. »

C’est assez puéril de dire que « je boude », alors que j’ai une raison légitime de prendre mes distances. Je me renfrogne un peu plus quand elle me reproche de lui en vouloir. J’enfile le haut de ma combinaison pour bien lui faire comprendre que cette conversation n’ira pas très loin, puisque je m’apprêtais à partir. « J’en sais rien de ce que tu dois dire à ta prof, mais me reproche pas de faire la gueule parce que t’as débarqué dans ma salle d’interrogatoire ! J’ai pas envie que ce soit toi qui foute mon boulot à la poubelle, tu vois. » Oui, ça me touchait que ce soit elle qui soit dans le parti de la défense cette fois-ci. C’était comme si on se foutait de ma gueule.
Je l’écoute raconter pourquoi elle suit ce chemin-là. Je me calme un peu et croise les bras. Je fronce les sourcils. Je ne suis pas vraiment d’accord avec sa façon de faire. C’est bien d’avoir de l’ambition, mais je préférais ne pas en avoir que déroger à mes principes. Je finis par hausser faiblement les épaules. « Beau rêve. Bon courage. Moi je vais rester dans la médiocrité de mon échelle de changement du monde. » J’accroche mes bâtons de combat à ma fine ceinture conçue simplement pour ça. Je pars dans un éclat de rire qui ferait presque peur et me retourne finalement vers Babs en ricanant nerveusement, les larmes presque au bord des yeux. « On ne m’a pas enlevé ma carrière de rêve ? Gosse, je voulais juste faire le spectacle avec mes parents. C’était toute ma vie, mon rêve. Et on les a assassinés. Et j’étais bien content que le responsable « aille en prison », qu’il ne soit pas un de tes prix à payer. »
Mon visage se ferme complètement et je pose des yeux froids dans ceux de ma copine. « Redis-moi ça, pour voir ? » Je la contourne en récupérant mes dernières affaires et m’approche. « Maintenant, si tu veux bien, j’ai des méchants à aller arrêter pour que tu puisses les libérer... » J'essuie les perles d'eau salée du coin de mes yeux, essayant de bloquer les petits spasmes de larmes qui tentent de monter. Je crois que ça vient de m'achever. Je suis à bout.

Elle vient de m’achever. Elle n’a probablement pas pensé à ce qu’elle disait. Elle sait pourtant. Je m’arrête face à la porte et pose ma tête contre elle pour essayer de calmer les sanglots que je supprime. Je l’entends se rapprocher et elle prend ma main. Je la laisse faire en me redressant, mais je ne la regarde pas. Mon regard vitreux reste posé sur la porte alors que j’écoute ses excuses. Je ne suis pas sûr d’en vouloir. Pas maintenant. Je n’ai pas envie d’y réfléchir. Alors je ne réagis pas, même pas lorsqu’elle lâche ma main. Je ne sais plus trop si je suis en colère ou triste, tout se mélange dans ma tête. Une chose est sûre : j’ai besoin de prendre l’air.
Je vais pour ouvrir la porte et me rappelle brusquement que sortir par la porte d’entrée en tant que Nightwing n’était peut-être pas la meilleure idée pour rester discret. Je me tourne un instant vers Babs et elle en profite pour déposer un baiser sur mes lèvres. Je la laisse faire et finit par enfin lâcher quelques mots. « Ouais. On en reparlera plus tard. » J’efface les dernières traces de larmes de moi visage et enfile mon masque de justicier de la nuit. « M’attends pas. » J’ouvre la porte du balcon et grimpe sur le toit depuis là. Je vais aller défoncer la tronche de quelques mecs qui l’auront bien cherché ce soir. Malgré la fatigue, je ne retiendrai pas mes coups. Mon dieu, est-ce que je ne suis pas en train de devenir comme Bruce ? Je ne veux pas y penser et me met à courir sur le toit pour m’éloigner.
Au milieu de la nuit, je reviens sans un bruit dans mon appartement en me demandant si elle est encore là. Je suis calmé. Et un peu amoché. J’ai cogné mais d’autres aussi. C’est pas grave. Je passe ma tête par la porte de ma chambre. Bon, elle semble être endormie. Je m’en veux un peu de lui avoir mal parlé plus tôt. J’espère qu’on arrangera ça bientôt. Je vais prendre une rapide douche et reviens me glisser sous les draps en poussant un petit soupir. Il faudrait vraiment qu’il prenne une semaine de repos.